Publié le 12 juillet 2018 | Par Laurent Mignon
0esanté : Doctolib vient-elle de tuer l’innovation ?
Récemment classée parmi les prochaines licornes européennes et l’une des seules du monde de la esanté par GP Bullhound, Doctolib a annoncé, hier, le rachat de MonDocteur, son principal concurrent (au passage, en cédant MonDocteur à Doctolib, Lagardère Active a cédé Doctissimo à TF1).
esanté, l’heure de la consolidation est arrivée
Il y a encore quelques années, le marché de la prise de rendez-vous médicaux en ligne était relativement éclaté. Des startups, plus ou moins vieilles (Doctolib, MonDocteur, Rdv Médicaux, KelDoc…) y côtoyaient des acteurs traditionnels tel que CEGEDIM avec Docavenue.
Puis est venue l’heure de l’investissement industriel avec, en 2013, la prise de MonDocteur par Lagardère Active (Doctissimo), en 2016, la main mise de la MNH sur KelDoc et, la même année, l’achat par le groupe MyBestPro.com (Vivendi) de Rdvmédicaux.
Avec cet achat / fusion entre Doctolib et MonDocteur, c’est désormais l’heure de la consolidation qui est annoncée.
Un rachat qui ferme le marché ?
À la tête désormais de 600 salariés, fort de 55 000 professionnels de santé utilisateurs et de 20 millions de patients usagers mensuels, Stanislas Niox-Château, le fondateur de Doctolib a-t-il tué le marché de la e-santé, de la prise de rendez-vous en ligne ?
Certains pourraient le craindre. Toutefois, ce marché est aujourd’hui européen si ce n’est mondial. Ainsi, le renforcement de Doctolib lui permet d’envisager son développement international (déjà entamé en Allemagne) de façon plus efficiente face à des acteurs tels que le polonais DocPlanner (qui avait racheté l’espagnol Doctoralia en 2016) qui annonce être présent dans 24 de pays à travers le monde pour 20 millions utilisateurs uniques par mois (soit le même nombre que Doctolib + MonDocteur).
Le prochain défi pour Doctolib se joue donc à l’échelle européenne / international, et là tout reste encore à bâtir.
Ou qui stimule l’innovation ?
Autre phénomène à prendre en compte, le rachat de MonDocteur par Doctolib, qui fait de ce dernier le leader incontesté du marché, peut figer les parts de marché voire entraîner la disparation d’acteurs plus petits mais il devrait en même temps stimuler l’innovation.
De fait, qui osera aujourd’hui venir sur le marché français, allemand (voir les autres pays limitrophes) pour s’attaquer à des acteurs comme Doctolib ou DocPlanner (au passage, ne serait-ce pas la prochaine cible de Stanislas Niox-Château afin de conquérir l’Europe du Sud et de l’Est ?) sans proposer de véritables innovations de rupture en ce domaine ?
L’heure de l’IA (trouver « son » médecin, selon « ses propres » critères, le degré d’urgence médicale…), de l’interopérabilité et de l’intégration réelle avec les logiciels métiers (les plateformes de rendez-vous doivent servir aussi bien les patients que les professionnels de santé et les établissements) mais aussi de nouveaux services croisés comme en propose Practo, acteur indien de la prise de rendez-vous médicaux, est donc venue et des innovations de ruptures peuvent encore bouleverser ce marché.
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