Médecine 3.0

Publié le 30 septembre 2015 | Par Laurent Mignon

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Mon pharmacien est connecté… euh, pas vraiment !

Fin juillet, je vous annonçais le petit-déjeuner table ronde des Echos Etudes consacré à “La pharmacie d’officine à l’heure du digital”. Pour nous faire rêver, Les Echos Etudes avaient dévoilé quelques chiffres d’un sondage qui nous serait présenté à la rentrée.

Cette présentation ayant eu lieu hier, voici donc les points clés à retenir…

Mais de quoi parle-t-on ?

Avant de mettre en avant les quelques chiffres clés de l’étude, il est à noter que la première question qui a surgi lors de cette présentation était une interpellation brutale. De fait, l’un des participants a interrompu la présentation pour indiquer que les sites internet qui vendaient des produits de santé-beauté étaient dans la plus parfaite illégalité…

Impétuosité, manque d’attention, corporatisme forcené… je ne sais pas pourquoi, mais cette personne, que j’imagine être un pharmacien officinal, c’est tout simplement emballée sur le simple fait que des sites internet fassent de la vente de produits de santé-beauté (et non de médicament). Signe que le chemin vers la digitalisation de l’officine est encore long… dans les esprits tout du moins.

Les Français en attentent du pharmacien connecté

Cette attitude est à mettre en perspective des attitudes et attentes exprimées par les 1 002 patients / clients sondés pour l’étude. De fait, si les Français interrogés n’attendent rien d’une présence 2.0 des pharmaciens (Messieurs les officinaux, il semble que les usages des réseaux sociaux en ce domaine restent à inventés…), il est à noter que près d’1 sur 2 (47 %) a déjà acheté un produit santé ou de beauté sur le web et 6,7 % un médicament d’automédication.

Ces achats (produits de santé & beauté) ont été réalisés principalement sur Amazon (27 %), puis sur de sites de la grande distribution (Leclerc, Carrefour, Auchan…), celui d’une chaîne de parapharmacies (paraselection.com), des sites dédiés (1001Pharmacies, easypharmacie.com…) et dans seulement 3,4 % sur le site d’une pharmacie d’officine.

Normal me direz-vous sachant que très peu de pharmacies ont ouvert un site de vente en ligne soumis à l’agrément d’une ARS pour la vente de médicament de prescription médicale facultative (PMF). Pour information, en septembre 2015, 296 pharmacies sont détentrices d’une autorisation administrative.

Pourtant, ces clients / patients expriment de fortes attentes vis-à-vis des services digitaux que les pharmaciens officinaux pourraient mettre en place :

  • 68 % seraient d’accord pour recevoir des alertes par mail ou SMS concernant leur rappel de vaccination (simple à mettre en place avec le DP qui conserve les données vaccinales sur 21 ans…).
  • 57 % sont favorables à la dématérialisation de l’ordonnance et au click & collect (j’envoie mon ordonnance par mail, le pharmacien la prépare et je passe récupérer ma prescription).
  • 54 % pensent que les pharmaciens pourraient leur adresser des mails de conseils personnalisés sur les traitements.
  • 53 % sont prêts à un partage de leur dossier médical électronique avec leur pharmacien.
  • 46 % trouveraient légitime que les pharmaciens proposent des zones de téléconsultation dans leur officine.
  • 42 % accepteraient de recevoir des alertes par SMS concernant l’heure de prise des médicaments.

Certes avant ces quelques chiffres, j’ai mis en avant l’expression d’un des participants qui peut sembler aller à contre-courant. Mai sil faut relativiser. Certains pharmaciens avancent sur la voie de la digitalisation. Ainsi, Pierjean Biseau, pharmacien officinal et gérant du site pharma-médicaments.com, l’un des précurseurs du domaine a pu exprimer sa position et tout l’intérêt que le pharmacien d’officine avait à être présent sur le web n’ont pas uniquement en termes de dispensation de médicaments, mais égalementde relationnel et de conseils avec sa patientèle.

Pour aller plus loin aujourd’hui, il faut que se construise une chaîne de valeur autour de la digitalisation de l’officine. Comme l’a indiqué Pierjean Biseau, les pharmacies se digitalisent doucement, mais réellement et les laboratoires pharmaceutiques se doivent de les accompagner.

Question : à quand la mise en place d’offre de vitrine numérique comme il en existe dans le monde réel ?

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A propos de l'auteur

Co-fondateur et directeur de LauMa communication, la e-santé m'interpelle depuis quelques années. J'essaie d'y contribuer en favorisant la diffusion de l'information et en m'impliquant dans des associations telle que Le Lab e-Santé (Isidore Internet et Santé), en tant que membre de la commission service du pôle de compétitivité Cap Digital ou en qualité de Délégué général de France eHealthTech, l'association regroupant les startups de la e-santé.



3 Responses to Mon pharmacien est connecté… euh, pas vraiment !

  1. Loizon says:

    A 50 000 euros la vitrine numérique, les pharmaciens seront très peu nombreux à s’ y mettre !
    Pour le lecteur lambda vous devriez décliner le sigle PFF (prescription médicale facultatve)…

  2. Bonjour,

    Effectivement le coût est réel d’où, peut-être, l’appel de Pierjean Biseau à l’industrie pharmaceutique.

    Pour PMF, merci, c’est intégré.

  3. Bernard says:

    50.000 euros? mais d’où tenez vous ces chiffres aberrants ?

    Un site de base sous prestashop, avec developpements annexes pour l’activité de ventes de médicaments (questionnaire médical, limitation de quantités) coute entre 10 et 15.000 euros grand maximum !

    Sans oublier toutes les agences spécialisées en la matière qui proposent des offres à 150 euros/mois !
    Alors oui, c’est un peu plus cher que les « places de marché », mais pour la différence je prefere tout de même garder mon indépendance professionnelle et éviter de me faire aliener par une société qui cherche à faire du profit sur notre dos !

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