Médecine 3.0

Publié le 24 juillet 2015 | Par Laurent Mignon

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Instagram, un nouvel allié dans la lutte contre le tabac ?

Google Flu Trends pour surveiller la grippe, Twitter détourné au profit de la veille sanitaire de la gastro-entérite en Angleterre, et, tout dernièrement, la signature d’un accord entre la FDA et Google pour identifier les effets secondaires des médicaments… il ne fait plus de doute que le data mining des requêtes réalisées sur le web ou que l’analyse posts sur les réseaux sociaux du type Twitter ou Facebook ont un rôle fort à jouer en termes de veille sanitaire et plus largement de santé publique.

Mais qu’en est-il de réseaux plus spécifiques ? Que peut-on tirer de Tumblr, Flickr ou Instagram ? Pour ce dernier, une étude récente propose un rôle entre la surveillance et la police sanitaire au profit de la lutte contre le tabac…

Les selfies, outils de veille et de contrôle

Présentée à l’occasion du prochain congrès de l’American Public Health Association, l’étude “Smoking Selfies: Using Instagram to examine smoking behavior” a pour but de permettre d’évaluer la quantité et de caractériser les images du tabac et des cigarettes au sein d’Instagram, l’un des réseaux sociaux les plus présents auprès des jeunes Américains avec 53 % d’usage chez les 18-29 ans (versus 37 % pour Twitter).

Via l’API publique d’Instagram, un logiciel de reconnaissance d’images et un filtre effectué sur les hashtags utilisés, les chercheurs ont pu analyser 4,1 millions d’images postées entre juin et décembre 2014. Des images en liens directs avec un comportement tabagique ou une marque spécifique de cigarettes.

Au-delà des principales marques présentes (la marque la plus populaire, sans surprise, étant Marlboro), l’intérêt de cette étude repose principalement sur les conclusions des auteurs.

De fait, selon eux, Instagram peut constituer un excellent outil de surveillance de l’usage du tabac chez les jeunes et des normes sociales liées à celui-ci, la popularité des images publiées pouvant, notamment, venir contrecarrer les efforts des pouvoirs publics en termes de santé publique pour “dénormaliser” le tabagisme.

De fait, l’usage d’Instagram, du partage d’images, permet aux entreprises du tabac de bénéficier d’une publicité clandestine en faveur de leurs produits…

Alors, n’est-il pas urgent que les agences sanitaires s’équipent des technologies adéquates et de compétences qualifiées dans l’analyse des signaux issus des réseaux sociaux pour mieux veiller sur des signaux aujourd’hui informels comme l’indiquait Antoine Flahaut dès début 2014 ?

Cette veille des réseaux sociaux pourrait être extrêmement utile pour la santé publique, et ce d’autant plus que ceux-ci ont un rôle dans l’augmentation des attitudes positives en faveur du tabac comme l’a montré une autre étude[1] publiée en début d’année.

[1] Jacob B. Depue, Brian G. Southwell, Anne E. Betzner, and Barbara M. Walsh (2015) Encoded Exposure to Tobacco Use in Social Media Predicts Subsequent Smoking Behavior. American Journal of Health Promotion: March/April 2015, Vol. 29, No. 4, pp. 259-261

Tags: e-santé, hashtag, hcsmeufr, réseau social, santé publique, Tabac

A propos de l'auteur

Laurent Mignon Co-fondateur et directeur de LauMa communication, la e-santé m'interpelle depuis quelques années. J'essaie d'y contribuer en favorisant la diffusion de l'information et en m'impliquant dans des associations telle que Le Lab e-Santé (Isidore Internet et Santé), en tant que membre de la commission service du pôle de compétitivité Cap Digital ou en qualité de Délégué général de France eHealthTech, l'association regroupant les startups de la e-santé.

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