Publié le 4 juin 2015 | Par Laurent Mignon
2Bienvenu dans le cabinet médical de demain
Chacun d’entre nous a déjà connu une consultation médicale où le seul outil du médecin est un stéthoscope, complété, quelquefois d’une balance et d’un tensiomètre et où celle-ci se finit par une prescription d’analyses, de d’imagerie (radiographique, échographie…) et/ou la nécessité d’aller voir un spécialiste… Avec le développement de la santé mobile et connectée, il est de forte chance que cela change. Demain, le cabinet de votre médecin rassemblera un grand nombre de dispositifs de santé connectée lui permettant d’exercer différemment et lui apportant une expertise nouvelle.
Jamais son mon échographe de poche
Rare lorsque l’on est jeune, l’anévrisme de l’aorte abdominale devient fréquent avec l’âge, sa prévalence étant estimée entre 5 et 10 % entre 65 et 80 ans.
En cas de rupture, le pronostic vital est fortement mis en jeu. 34 % des personnes opérées décédant après l’opération, 80 % si l’on y ajoute les personnes décédées avant d’avoir pu être opérée[1]. Pourtant cette pathologie peut être facilement diagnostiquée : une simple échographie permettant de révéler l’anévrisme et sa taille avant sa rupture.
Malheureusement seul un petit nombre de personnes bénéficient de ce dépistage puisque le médecin généraliste doit envoyer son patient dans un centre hospitalier, un centre d’échographie ou l’orienter vers un cardiologue ou un médecin vasculaire en cas de suspicion.
Imaginons que demain, les échographes soient si petits qu’ils puissent tenir dans la poche du généraliste et se connecter avec ou sans fil avec leur smartphone ou leur tablette pour permettre de visualiser l’image. Ce sont certainement une large part des 6 000 décès par an imputable à la rupture de l’anévrisme de l’aorte abdominale qui pourrait être évitée.
Et surtout, arrêtons d’imaginer. Les échographes de poche sont déjà là. À titre d’exemple le MobiUS de MobiSante a reçu son agrément FDA début 2013 et le UProbe-2 de SonoStar qui, lui, communique sans fil avec un smartphone ou une tablette est déjà en vente.
Certes, il est vrai que leur coût reste élevé et retarde leur diffusion. C’est pourquoi il faut saluer le projet echOpen. Ce projet a pour objectif de développer une sonde d’écho-stéthoscopie connectable à un smartphone ou une tablette à bas coût afin de faciliter sa diffusion. Cocorico, EchOpen est un, tout à la fois, un projet Open Source et une communauté ouverte, collaborative et française dont vous pouvez suivre les aventures sur Facebook ou Twitter.
Madame, c’est une fille
Quelques jours de retard, une petite languette qui devient bleu et vous voilà – en cas tout pour les personnes de sexe féminin lisant ce post – rendant visite à votre médecin, votre gynécologue.
Après quelques minutes d’échanges, il est clair que vous devrez vous rendre dans un laboratoire de biologie médicale pour une analyse de sang et infirmer ou non la suspicion qui trotte dans votre tête : serais-je maman bientôt ?
Comme pour l’anévrisme de l’aorte abdominale, bientôt vous n’aurez plus à vous rendre dans un laboratoire de biologie médicale et à attendre quelques jours les résultats. De fait, grâce à NG Biotech, votre médecin pourra réaliser directement dans son cabinet cette analyse sanguine grâce à un dispositif connectable à son smartphone. Et nous parlons bien d’une réelle analyse quantitative et non d’un auto-test dont une large part de la fiabilité repose sur votre capacité à bien le réaliser.
De plus, quelques semaines, mois plus tard, votre médecin réalisera cette fois-ci une échographie directement dans son cabinet et pourra, si vous le souhaitez, vous annoncer : “Madame, c’est une fille”.
Bienvenu dans le cabinet connecté
Alors tout ceci est bien évidemment pour demain, mais un demain très proche. De plus, ces dispositifs mobiles et connectés ne vont pas s’arrêter en aussi bon chemin.
Saviez-vous que les stéthoscopes connectés sont disponibles depuis longtemps ? Qu’ils permettent aux médecins d’enregistrer le son puis de le partager, via un smartphone ou un ordinateur, avec des spécialistes ou de le comparer à des bases de références pour affiner un diagnostic.
Le cabinet de demain sera donc connecté et interconnecté et permettra à votre médecin de vous offrir lors de la consultation tout un plateau technique afin de mieux vous accompagner.
Cela n’ira pas sans freins ni sans heurs entre professions de santé… Les biologistes médicaux, notamment, vont devoir s’hyperspécialiser de même que les centres d’imageries médicales devront se concentrer sur l’image de pointe. Pour leur part, les médecins généralistes retrouveront pleinement leur rôle : prendre en charge notre santé au quotidien.
En 1816, l’invention du stéthoscope par René Laennec bousculait nombre d’idées reçues tout en modifiant profondément l’examen clinique. Le smartphone sera-t-il à la médecine du XXIe siècle ce que fut le stéthoscope au XIXe ? Souhaitons-le-lui en tout cas, pour son plus grand bien et le notre.
Et si vous doutez de ce scénario, prenez donc rendez-vous avec les médecins 3.0 d’ipso santé. Situé à Paris, ce cabinet connecté est juste en face de la Gaîté Lyrique, le lieu des cultures numériques, c’est plus qu’un signe.
[1] Vers une extension du dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale. Egora,1er juin 2015, n°60
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