Publié le 24 juin 2015 | Par Laurent Mignon
0Santé connectée : la fin du tabou ?
Pas un jour ne se passe sans qu’une nouvelle application mobile, un nouvel objet connecté ne sortent dans le domaine du diabète, du surpoids, de l’hypertension… Mais qu’en est-il des maladies oubliées ? Seront-elles les grandes perdantes de la santé connectée ?
Et que dire de celles qui portent encore un tabou, l’incontinence en tête. Et bien, preuve de l’évolution des mentalités, même en ce domaine, il semble que la santé connectée réserve son lot d’innovations. Exemple à travers 3 dispositifs, certes non certifié French Tech, mais qui ont le mérite de dire stop aux fuites !
Et au début fut le calendrier mictionnel 3.0
Les diabétiques ont leur glucomètre connecté et bien maintenant les femmes ont Carin, le premier calendrier mictionnel connecté.
Conçu par Lifesense, une startup hollandaise, Carin se compose d’une culotte et d’un capteur destiné à quantifier les fuites urinaires liées à l’incontinence d’effort. Vous savez, ces quelques gouttes ou plus, que l’on ne peut retenir lors d’une crise de fou rire, d’un effort physique ou d’une simple toux.
Mais Carin, c’est aussi un programme personnalisé – selon la fréquence, l’intensité des fuites et les moments de leur survenue – de coaching online destiné à effectuer des exercices de renforcement du plancher pelvien.
Petit bonus pour ceux qui, comme moi, pensent que le développement de la e-santé et de la santé connectée passe par la co-construction avec les usagers, les patients… Lifesense a lancé un appel aux femmes pour intégrer un comité consultatif en charge de donner son avis sur le produit, le site web, l’ergonomie, le packaging… en bref sur tout !
PeriCoach, l’anti-Kegel panique
Pour les plus geeks, je précise tout d’abord que j’ai écris Kegel panique et non Kernel Panic (pour les non geeks, le kernel panic est mécanisme de signalement d’erreur du noyau du système d’exploitation de l’ordinateur).
Pour tous les autres, les exercices de Kegel sont des exercices destinés à renforcer les muscles du périnée et donc à réduire les fuites urinaires.
Dans certains cas, il est préconisé d’exécuter ces exercices avec des accessoires tels que les cônes vaginaux. Et c’est précisément là qu’intervient PeriCoach.
Agréé 510(K) depuis mars dernier par la FDA et détentrice du marquage CE pour l’Europe depuis octobre 2014, PeriCoach est donc un dispositif médical connecté se composant d’un “cône” vaginal, doté de trois capteurs de pressions, relié en Bluetooth au smartphone. Conçu et développé par la startup australienne Analytica, PeriCoach permet de mesurer la pression musculaire en temps réel et donc de suivre l’évolution de la rééducation périnéale. Les données peuvent être transférées à un professionnel de santé, ce qui lui permettra de faire évoluer les exercices, d’expliquer comment mieux les pratiquer…
À noter, PeriCoach ne sera disponible que sur prescription médicale.
Urologie connectée : même les hommes sont concernés !
Carin, PeriCoach, ces dispositifs sont destinés aux femmes et pourtant les hommes aussi peuvent souffrir d’incontinence urinaire.
Dans de nombreux cas, les couches semblent être la seule solution, et ce notamment lorsque la personne ne ressent plus l’envie d’uriner et que la miction se déclenche donc sans prévenir.
Pour lutter contre ce phénomène, la startup Lir Scientific, basée à San Francisco, a développé un capteur abdominal, un gros patch, permettant de suivre le taux de remplissage de la vessie et donc de prévenir le porteur du dispositif qu’il est temps d’aller aux toilettes.
Autre usage envisagé : le monde hospitalier ou le capteur pourrait être relié aux infirmières afin de les prévenir que tel ou tel patient doit uriner.
À travers ces trois exemples, il est clair que la santé connectée peut s’adresser à chacun, à chaque pathologie et qu’elle peut contribuer à une meilleure prise en charge. Il ne reste qu’aux professionnels de santé, aux patients et aux développeurs – startupers ou grands groupes – à se mettre autour d’une même table pour construire la santé de demain.
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