Publié le 22 juin 2015 | Par Laurent Mignon
2Observance, l’ePilule passera-t-elle ?
Si vous vous intéressez un tant soit peu à la santé, vous avez certainement noté qu’une large majorité des sujets parlants de celle-ci depuis quelques mois mettent en avant la thématique de l’observance. Si en plus vous vous intéressez à l’e-santé, vous aurez également noté que régulièrement de nouveaux dispositifs connectés apparaissent où sont l’objet de publication afin de démontrer leur capacité à améliorer l’observance, notamment celle des personnes touchées par une maladie chronique. Et ce sans parler de la problématique spécifique de la télésurveillance de la PPC dans l’apnée du sommeil, qui continue à faire parler d’elle…
Mais l’observance est-elle soluble dans l’e-santé ? Autrement dit, est-ce parce qu’un pilulier électronique fait vibrer votre smartphone pour vous rappeler de prendre un traitement que vous prendrez réellement celui-ci ?
Et au départ fut IMS Health…
Novembre 2014, IMS Health France et le CRIP (Centre de Réflexion de l’Industrie Pharmaceutique) sortent un rapport commun : “Améliorer l’observance : traiter mieux et moins cher”.
À grands coups d’annonce :
- “Seuls 13 % à 52 % des patients selon les pathologies peuvent être considérés comme de bons observants”,
- “Le coût évitable des complications médicales liées à la mauvaise observance est évalué́é à plus de 9 milliards d’euros par an pour les six pathologies considérées”,
ce rapport remet l’observance sur le devant de la scène et propose 6 leviers pour améliorer celle-ci. SMS de rappel, mailings réguliers, plateformes téléphoniques dédiées… les solutions connectées ne sont pas oubliées.
Le 17 juin 2015, mercredi dernier concrètement, soit quelques mois seulement après ce rapport, Matthew Tindall, Global Director, Consumer Solutions chez IMS Health participe, aux côtés de Roy Rosin, Chief Innovation Officer Penn Medicine, Aaron Smith-MacLallen, Lead Research Scientist Independence Blue Cross, a une table ronde sur l’engagement des patients à l’occasion de la Bio International Convention 2015 à Philadelphie.
Celle-ci a, notamment mis en exergue le fait que différentes études portant sur des dispositifs connectés, certains utilisant des SMS de rappel, d’autres des piluliers connectés comme le Vitality GlowCaps, ont démontré que les résultats attendus en terme d’adhésion au traitement, de bonne observance, n’étaient pas au rendez-vous.
Où l’e-santé ne peut qu’enrichir la relation médecin-patient…
Poussant plus loin leurs raisonnements, les participants à cette table ronde ont indiqué[1] que l’observance est un phénomène complexe et que les solutions ne peuvent se résumer à la simple mise en place de rappels électroniques, d’aides mémoires connectés.
Ainsi, Matthew Tindall a indiqué que l’une des toutes premières motivations des patients pour être observants est le fait que quelqu’un se soucie réellement d’eux, à commencer par leur médecin.
Pour preuve, il indique que 80 % des personnes ayant téléchargé d’eux-mêmes une application de santé sur un store d’applications mobiles ne l’utilisent plus 30 jours après alors que, lorsque l’application mobile de santé est prescrite par un médecin, ce taux de défaillance n’est que de 44 %.
“Doctors who prescribe an app to a patient typically have patients who respond well to that. They know that the doctor has some vetting of the quality of that product, they trust the doctor, and they know they’re going to have to have follow-up visits where they’ll be asked if they used the app”.
Matthew Tindall, IMS Health
Alors, me diriez-vous, quelles leçons tirées de ces propos ? Tout simplement que lors de la conception d’une solution connectée d’amélioration de l’observance il faut non seulement la co-concevoir avec les bénéficiaires finaux, les patients, mais également se pencher sur la façon dont les médecins vont pouvoir l’intégrer dans la prise en charge de leurs patients.
La e-santé, la santé mobile et connectée ne sont que des outils et leurs principaux apports ne pourront réellement s’exprimer que si elles se placent au cœur de la relation médecin-patient.
[1] Source : MobileHeatlhNews
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