Publié le 15 mai 2015 | Par Lucie Blaise Valence
0e-orthophoniste.com : le digital au service des praticiens et des patients
Délais d’attente souvent interminables, déplacements parfois obligatoires… Consulter un ophtalmologiste, un nutritionniste ou encore un orthophoniste peut être parfois fastidieux. En cause ? Trop peu de praticiens, qui peinent à ajouter des rendez-vous à un agenda déjà bien chargé, pour toujours plus de demandes. Alors comment remédier à ces difficultés ? La solution pourrait bien se trouver dans le digital. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir e-orthophoniste.com, une solution 100% digitale pensée par des orthophonistes, pour des orthophonistes…
Un exemple, e-orthophoniste.com
Selon la Fédération Nationale des Orthophonistes, en 2013, le répertoire ADELI recensait 21 902 orthophonistes soit, en moyenne, 34 praticiens pour 100 000 habitants. C’est peu et c’est surtout un chiffre variable d’une zone géographique à une autre…
E-orthophoniste.com pourrait bien être la solution à ce problème. 1ère plateforme digitale dans le domaine de l’orthophonie, elle est créée par Inooit, société éditrice de solutions et de contenus ludiques dédiés aux professions paramédicales. Véritable solution interactive, elle propose des séances disponibles sur Mac, PC et tablettes (iOS et Android) et adaptées selon le profil du patient. Celles-ci peuvent être réalisées avec le praticien ou bien seul. Un bon moyen de continuer à progresser en attendant son prochain rendez-vous mais aussi d’être suivi en temps réel par le spécialiste.
Aujourd’hui existante en version bêta, la plateforme e-orthophoniste.com est en cours d’évaluation alors, si vous êtes orthophoniste et souhaitez ajouter votre pierre à l’édifice, n’hésitez pas à participer ici, en attendant la sortie officielle en septembre 2015.
5 questions à… Franck Giroudon, Président et Co-fondateur d’Inooit
Franck Giroudon, racontez-nous la genèse d’e-orthophoniste.com ?
On travaille sur ce projet depuis février 2014. L’idée est née lorsque ma femme a repris des études d’orthophonie. En m’y intéressant, j’ai constaté que les logiciels qu’utilisent aujourd’hui les orthophonistes disposent d’une marge de progression considérable. En y intégrant la dimension « data », mais aussi la dimension « patient », car ce qui existe actuellement est parfait sur les plans pratiques et logistiques mais ils n’intègrent pas l’approche patient, dans le sens où le patient n’est pas naturellement prédisposé à les utiliser. Alors je me suis dit : « Il y a quelque chose à faire ».
De mon côté, j’ai travaillé dans les jeux vidéo, puis le web depuis 2000. J’avais déjà eu l’occasion de travailler avec François Lourdin qui est maintenant cofondateur et directeur général d’Inooit. Nous ne sommes pas spécialisés en orthophonie, nous avions donc besoin de nous entourer d’experts. Et quoi de mieux que les orthophonistes eux-mêmes ? Ma femme nous a naturellement rejoint dans l’aventure, ainsi qu’Isabelle Riva, une orthophoniste renommée qui exerce en milieu hospitalier. Enfin, nous avions besoin d’un directeur technique, car même si nous agrégeons des technologies existantes, il nous fallait un garde-fou technique. Et c’est là qu’intervient François Desmottes, spécialiste des technologies de l’information et du pilotage de projets informatiques.
Nous avons officiellement créé la société Inooit en octobre 2014, mais tout au long de cette année nous avons beaucoup travaillé. Nous sommes des jeunes entrepreneurs mais pas des entrepreneurs jeunes, alors nous avons décidé de postuler pour le Réseau Entreprendre pour se faire challenger et avoir un projet solide. Une bonne idée, car nous sommes aujourd’hui lauréat du Réseau Entreprendre 92. Et début juillet 2014, nous avons aussi financé une version bêta sur nos fonds propres afin d’avoir un produit à montrer, pour démontrer.
Comment se déroulent les séances disponibles sur la plateforme ?
Notre outil est là pour compléter, pas pour remplacer. Aujourd’hui la prise en charge se fait à partir de jeux physiques entre le patient et le praticien qu’il faut créer, parfois fabriquer, mettre en place… cela prend du temps. Notre solution, elle, propose des exercices digitaux rapidement accessibles sur une tablette. Ces « séances » sont personnalisables en fonction des besoins du patient, elles se déroulent dans un environnement de travail ludique – le patient peut choisir son avatar, récolter des étoiles qu’il pourra utiliser pour accéder à d’autres exercices, etc. – cela permet de le rendre plus impliquer et de le motiver. En devenant « spectacteur » de sa séance, il progresse plus rapidement.
e-orthophoniste.com pourrait-il être une solution à la pénurie de praticiens orthophonistes ?
Il est vrai qu’à l’heure actuelle, il y a trop peu d’orthophonistes pour toujours plus de demande. On note plus de 2 millions de personnes potentiellement en demande de soins et certains facteurs de risque sont en augmentation. Il y a, par exemple, de plus en plus d’enfants qui souffrent de troubles de l’apprentissage, une des causes qui explique ce phénomène, est la hausse du nombre d’enfants nés prématurés. En effet, ces derniers ont plus de risques que les autres de développer de tels troubles. De plus, il y a des régions où vous ne pouvez pas trouver d’orthophonistes. Certains doivent se déplacer loin et les délais sont toujours très longs.
Nous, on va être là pour faire gagner du temps et ce, grâce au digital. On va gagner du temps sur la mise en place et la construction des jeux, sur la prise des résultats, sur le suivi, etc. On offre au praticien la possibilité de dépasser le cadre de la séance en prescrivant des exercices à faire chez soi et, grâce à l’accès aux résultats, de pouvoir, en amont, préparer et adapter la prochaine séance. L’outil intègre une boîte à outils où ils peuvent personnaliser les exercices pour coller au plus près des problématiques du patient.
À votre avis les praticiens sont-ils prêts à utiliser ce genre d’outils ?
Il y a deux très bonnes nouvelles. La première c’est que les orthophonistes sont déjà très bien équipés en informatique. 90% ont un ordinateur et 80% l’utilisent pour leurs séances. Et la seconde, c’est que la profession se rajeunit et intègre de plus en plus de personnes « digital native ». Aujourd’hui de plus en plus d’orthophonistes ont tendance à conseiller des applications mobiles qui n’ont rien à voir avec l’orthophonie mais qu’ils utilisent de manière détournée. Des applications pour la lecture et l’orthographe (Findephrases, Visoprompt…) ou encore, en rapport avec le langage oral (Isequences, Pépi doctor…) par exemple, pour que les patients s’exercent chez eux. Nous pensons donc que les praticiens sont prêts et nous souhaitons leur offrir une solution digitale rien que pour eux, un petit plus, pour leur permettre de parfaire leur exercice.
Quelle est votre vision concernant l’évolution de l’emploi du digital dans la médecine spécialisée ?
Je pense que la santé connectée en est seulement à ses débuts. Aujourd’hui, Inooit est éditeur de solutions digitales. Nous avons développé e-orthophoniste.com mais nous pourrions très bien imaginer, demain, nous ouvrir à d’autres professions et, pourquoi pas, avec les objets connectés. Pour reprendre l’exemple des orthophonistes, ne serait-ce qu’un simple stylo connecté, par exemple, ce serait un grand pas en avant : pour analyser la manière d’écrire, la position de la main… Si demain, tous les orthophonistes s’appropriaient la plateforme, les perspectives seraient énormes.
Mais il faut aussi prendre en compte les risques. Concernant la confidentialité et la sécurité des données notamment. C’est pourquoi pour e-orthophoniste.com nous avons recours à un hébergeur de données de santé.
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