Publié le 8 décembre 2015 | Par Laurent Mignon
0eSanté : ce sont les malades qui en parlent le mieux
Geek, CSP++, urbains et en plus jeunes… le profil des utilisateurs de la eSanté, de la santé mobile et connecté est souvent proche du caricatural. En cause, l’image de certaines applications ou objets connectés et la confusion entre le quantified self (qui ne se limite pas à l’auto-mesure) et la santé connectée. Pire, les États-Unis, ce pays de cocagne (paraît-il) pour les développeurs de wearables nous enverraient une joyeuse image de gadgets à travers quelques événements phares tel le CES.
Mais la réalité n’est-elle pas toute autre ? Petite revue de détails avec la dernière étude de Rock Health, l’un des tout premiers incubateurs et fonds santé des États-Unis, portant sur 4 017 Américains connectés à Internet et les usages de la eSanté de l’autre côté de l’Atlantique.
L’âge n’est pas si discriminant que cela…
Parmi les possesseurs de smartphone de cette étude, 36 % des 35 – 55 ans ont déjà téléchargé une application mobile de santé (mApp) et 36 % également en ont utilisé 1 lors des 30 derniers jours. Pour la tranche d’âge inférieure (les moins de 35 ans), les scores sont respectivement de 34 % et 32 %. Pour les plus de 55 ans, ils s’établissement à 30 % et 32 %.
Petit focus sur le self monitoring
Pour les afficionados du quantified self et de l’auto-mesure, je vous propose, et sans commentaire (ou presque), de simplement jeter un œil au visuel suivant… Il semblerait bien que notre cerveau et notre mémoire restent encore pour de nombreux jours nos principaux outils de monitoring santé.
L’état de santé fait la différence
L’étude menée par Rock Health s’est attachée à mettre en exergue le taux d’adoption de différentes formes d’eSanté :
- La consultation d’information de santé online,
- La recherche et la “comparaison” de professionnels de santé sur le net
- L’usage de solution de tracking mobile
- L’adoption des wearables
- Les services “ADN”
- La télémédecine
Et ce taux d’adoption a été mis en lumière selon deux concepts :
- Bonne ou mauvaise santé
- Niveau de consommation santé (un niveau prenant en compte aussi bien le fait “d’être responsable de sa santé” et celui d’être prêt à payer de sa poche pour sa santé… eh oui, nous sommes aux États-Unis)
Résultats, de 71 à 81 % des répondants en mauvaise santé utilisent la consultation d’information santé online, 10 à 24 % l’usage de solution de tracking via leur smartphone et 6 à 18 % de ces mêmes personnes font déjà usage de wearables versus 11 à 14 % des personnes en bonne santé.
En conclusion et comme l’indiquent les auteurs de l’étude, le facteur le plus discriminant d’adoption de la eSanté est bel et bien l’état de santé. Les variables démographiques telles que le sexe, l’âge, le revenu et l’éducation n’ont pas d’effet statistiquement significatif sur l’adoption de la santé numérique, sauf dans quelques cas particuliers. Ainsi, avoir un revenu élevé serait un facteur prédictif d’usage de la santé mobile, et l’âge corrélé au sexe serait prédictif de l’adoption de la télémédecine.
Et la France dans tout ça…
Je fais le rêve d’une étude de même ampleur sur le territoire national. Cette étude nous permettrait de mettre en lumière nos spécificités, mais également d’étalonner nos pratiques à l’aune des pratiques américaines.
En attendant cette enquête massive et pour en savoir un peu plus sur les usages français, je vous renvoie aux résultats du sondage “Usages et attentes des malades chroniques en termes de eSanté” qui seront présentés le 16 décembre prochain, lors du lancement de France eHealthTech, l’association des startups de la e-santé.
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