Intelligence Artificielle

Publié le 5 juillet 2018 | Par Laurent Mignon

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IA et santé, du mythe à la réalité

À l’occasion de l’Université d’été de la e-santé, la table ronde organisée par OVH “IA, Startups et e-santé : le temps des premiers résultats” a permis à Maryne Cotty-Eslous, fondatrice de Lucine, un dispositif de prise en charge de la douleur chronique et à Benoit Brouard, CEO de Wefight et donc un peu le papa de Vik, le chatbot dédié au cancer du sein, de revenir sur leur vision de ce domaine.

L’IA en santé aujourd’hui, c’est d’abord et avant tout des humains

Face aux exigences en termes de qualité des soins mais aussi aux exigences des patients (accessibilité, rapidité…), l’IA est souvent présentée comme l’une de nouvelles voies de la santé. Interroger sur cet aspect, Maryne Cotty-Eslous a tenu à indiquer que la véritable exigence actuelle est d’abord de (re)parler à d’autres êtres humains, de renforcer le dialogue médecin-patient.

C’est pourquoi, chez Lucine, les Data scientist ce sont des sociologues, des anthropologues… qui passent du temps avec les patients et les professionnels de santé pour les écouter, comprendre leurs besoins, attentes et réactions.

Cette place de l’humain dans l’IA a été confirmée par Benoit Brouard. Ainsi, Vik a été conçu et co-développée pour répondre aux besoins des utilisateurs. Mais au-delà de ce principe de co-construction, Vik a d’abord pour objectif de comprendre réellement ce que dit l’utilisateur tout en respectant les contraintes réglementaires et ce en prenant en compte une validation médicale forte.

IA, un buzzword… aujourd’hui

Cette place de l’humain, revendiquée par Lucine et Wefight, a mené Guillaume Fillière, l’animateur de la session et directeur du programme Digital Launch Pad d’OVH a interrogé les participants sur la réalité de l’IA en santé…

« IA est un mot fourre-tout »a indiqué Benoit Brouard avant de poursuivre « Pour Vik, nous utilisons ce terme d’IA, d’abord et avant tout vis-à-vis de la capacité d’apprentissage de Vik ».

Pour Lucine la réponse est encore plus sans appel : « En santé, l’IA n’existe pas. C’est un mot valise. Parler d’IA réellement, c’est parler de deep learning, de machine learning… entre d’autres termes d’apprentissage ».

De fait, pour Maryne Cotty-Eslous, si aujourd’hui nous disposons de la puissance de calcul, la véritable question qui se pose est celle de la qualité des données utilisées pour nourrir ces machines apprenantes.  C’est en ce sens que Lucine a développé ses propres jeux de données via un mode de récupération des images patients ad hoc.

Au-delà de la structuration de la base, Maryne Cotty-Eslous a également mis en avant l’importance de la qualification, de la labellisation de chaque donnée. « Aujourd’hui, une IA sait reconnaître qu’une personne s’est coupé les cheveux ou les portent détachés alors qu’habituellement elle les porte attachés. Mais aucune IA n’est capable de donner du sens à cette image alors que l’être humaine pourra contextualiser celle-ci et la rattacher, par exemple, à un instant de dépression chez une personne douloureuse chronique »a-t-elle indiqué à ce propos.

Et demain, vers une crossfertilisation des IA ?

Après être revenu sur la transparence des algorithmes utilisés, Benoit Brouard et Maryne Cotty-Eslous ont abordé le devenir de Wefight et de Lucine.

Pour le premier, le chemin est tout tracé : utiliser l’expertise acquise via le cancer du sein pour adresser des maladies chroniques comme l’asthme et la dépression. Pour Benoit Brouard, une fois de plus, le premier des défis à relever sera celui de la collecte de données de qualités.

Et sur ce terrain, c’est peut-être Lucine qui viendra l’aider à accélérer son développement. En effet, en fin de session, après avoir précisé que l’un des enjeux de Lucine pour demain reposait sur l’obtention du Visa Numérique de l’ANSI, Maryne Cotty-Eslous a indiqué que Lucine avait déjà constitué des jeux de données spécifiques et qualifiées liés à différentes maladies chroniques et qu’elle se proposait de les mettre à disposition de Wefight.

Un effet bonus de crossfertilisation entre startups comme il ne peut en naître que lors de l’Université d’été de la e-santé et qui confirme, à ceux qui en doutaient encore, que c’est bien à Castres que, chaque année, au début du mois de juillet, se dessine et se construit une grande part de la e-santé.

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A propos de l'auteur

Co-fondateur et directeur de LauMa communication, la e-santé m'interpelle depuis quelques années. J'essaie d'y contribuer en favorisant la diffusion de l'information et en m'impliquant dans des associations telle que Le Lab e-Santé (Isidore Internet et Santé), en tant que membre de la commission service du pôle de compétitivité Cap Digital ou en qualité de Délégué général de France eHealthTech, l'association regroupant les startups de la e-santé.



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