Médecine 3.0

Publié le 16 juin 2015 | Par Laurent Mignon

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Données personnelles, les Français au bord de la schizophrénie

Tout d’abord et avant de venir au cœur du sujet de ce post et d’être interpelé par un psychiatre, j’avoue avoir fait un mésusage du mot schizophrénie pour de pures raisons de SEO (un titre court et interpelant être toujours meilleur…). De fait, j’aurais dû utiliser le terme de trouble dissociatif avec personnalités multiples… car tel semble être l’état actuel des Français vis-à-vis des données personnelles si on en croit le dernier sondage réalisé par Ipsos pour Elia Consulting.

D’un côté, Monsieur Durand dit “Oh, je n’ai pas confiance dans l’usage de mes données” et de l’autre, ce même Monsieur Durand n’hésite pas à les confier à de multiples réseaux sociaux et sociétés commerciales…

Un baromètre qui traduit une prise de conscience des enjeux…

Réalisé du 29 avril au 4 mai, auprès d’un échantillon représentatif de la population française, cette deuxième édition du baromètre “Les Français et le Big Data” d’Elia Consulting traduit, de fait, une prise de conscience de plus en plus importante des enjeux liés à la transmission et à l’usage des données personnelles.

Des Français de plus en plus mal informés de l’usage de leurs données de santé et personnelles :

  • 54 % estiment que leur médecin les informe suffisamment sur l’utilisation qu’ils font des données les concernant (57 % en 2013),
  • 44 % estiment que leur mutuelle / assurance les informe également suffisamment (46 % en 2013),
  • 18 % pensent que les pratiques des moteurs de recherche sont assez transparentes,
  • et seulement 12 % estiment le degré de transparence des réseaux sociaux suffisant.

Des scores corrélés au niveau de confiance

  • 91 % ont confiance en leur médecin pour protéger les données personnelles qu’ils lui communiquent (90 % en 2013),
  • 77 % ont confiance en leur mutuelle / assurance en terme de protection (83 % en 2013) et seulement 79 % en l’administration,
  • à contrario, 88 % n’ont pas confiance dans les réseaux sociaux pour protéger les données personnelles qu’ils leur communiquent.

Des niveaux de confiance liés au niveau de risques sur le web

  • 92 % estiment que leurs informations personnelles peuvent être utilisées ou conservées pour un usage futur,
  • 54 % estiment que leur accord n’est pas requis,
  • 78 % ont toujours ou souvent à l’esprit les risques potentiels liés à l’utilisation de leurs données,
  • et 85 % jugent probable le risque de non-respect de leur vie privée.

 … Mais, une prise de conscience qui ne modifie pas les comportements

Conscients des enjeux et des risques, dans la pratique les Français n’ont pas réellement modifié leurs comportements liés au web entre 2013 et 2015 : 74 % renseignant ou partageant régulièrement des données personnelles sur Internet.

  • 65 % renseignent souvent leur adresse e-mail,
  • 47 % complètement souvent une fiche d’information (prénom, nom, âge, profession),
  • 33 % upload des photos ou vidéos personnelles.

Sur le versant des données de santé (taille, poids, rythme cardiaque…) :

  • 9 % renseignent très fréquemment ou souvent des données de santé sur le web,
  • 34 % rarement,
  • et 57 % jamais.

Face à cette dualité entre la prise de conscience et les comportements, les Français sont donc au bord de la schizophrénie, pardon du trouble dissociatif avec personnalités multiples, puisque seulement 33 % lisent fréquemment ou souvent les CGU et CGV et que, là aussi, seulement 33 % modifient les paramètres de confidentialités de leur smartphone ou des réseaux sociaux qu’ils utilisent afin de mettre leurs perceptions en accord avec leurs pratiques.

Les objets connectés de santé, un amplificateur de cette dissociation entre la perception et les pratiques

Aujourd’hui et toujours selon ce baromètre “Les Français et le Big Data”, 3 % des Français ont déclaré déjà utiliser un objet connecté de santé (pour le versant Quantified Self, ils sont 5 % a déclaré utiliser un bracelet connecté).

Si on s’intéresse à l’usage futur :

  • 23 % sont intéressés par l’usage d’un objet connecté de santé,
  • 72 % des Français se déclarent non intéressés ,
  • et 5 % ne savent pas ce que c’est.

Sur la base de cet usage futur, 84% des Français sont conscients que les informations personnelles captées par ces objets connectés peuvent être utilisées ou conservées pour un usage futur.

Et pourtant, plus d’1 sur 2 (52%) pensent que cet usage peut avoir lieu sans leur accord.

Si l’on souhaite que les usages se développent et perdurent, n’est-il pas temps de créer un réel climat de confiance ? D’user d’une communication transparente vis-à-vis de l‘usage des données personnelles et tout spécialement de santé ? De mettre, enfin, en place le privacy by design ?

Mesdames et Messieurs les éditeurs et développeurs, pourriez-vous suivre ces quelques conseils et préserver ainsi notre santé mentale…

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A propos de l'auteur

Co-fondateur et directeur de LauMa communication, la e-santé m'interpelle depuis quelques années. J'essaie d'y contribuer en favorisant la diffusion de l'information et en m'impliquant dans des associations telle que Le Lab e-Santé (Isidore Internet et Santé), en tant que membre de la commission service du pôle de compétitivité Cap Digital ou en qualité de Délégué général de France eHealthTech, l'association regroupant les startups de la e-santé.



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