Santé 2.0

Publié le 27 mai 2015 | Par Laurent Mignon

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Santé 2.0, le crowdsourcing médical au service du diagnostic

Il y a quelques jours, nous abordions dans ces colonnes MedPics, l’Instagram des médecins francophones. Au-delà du partage de cas cliniques dans un cadre de formation collaborative par les pairs, les réseaux sociaux destinés aux professionnels de santé peuvent-ils aller plus loin et participer à l’amélioration de la prise en charge des patients ? Si l’on en croit Sermo, un réseau social dédié aux médecins américains en voie d’expansion internationale, la réponse est oui et tient à principalement à un usage : le crowdsourcing au service du diagnostic.

Le diagnostic bousculé par les pratiques et la santé digitale

Si pendant des dizaines d’années, le diagnostic était l’apanage d’un seul et unique médecin, la situation est en pleine évolution actuellement. De fait, et à titre d’exemple, les réunions de concertation pluridisciplinaires (ou RCP), initiées en cancérologie, sont en plein développement et tendent à dépasser leur cadre d’origine pour s’élargir à d’autres domaines tels que l’hépatite C.

En parallèle de ce changement de pratiques, la santé digitale annonce une nouvelle ère du diagnostic. Une ère où les algorithmes et l’intelligence artificielle du Dr Watson remplacent la seule intelligence individuelle du médecin.

Les réseaux sociaux médicaux : des RCP planétaires

Avec l’avènement des réseaux sociaux dédiés aux médecins, une nouvelle forme de diagnostic apparait : le crowdsourcing médical. Le concept est simple : un médecin publie un cas, soumet une ou plusieurs hypothèses de diagnostic ou de prise en charge et ses pairs, membres aux-aussi du réseau social, propose des contre-hypothèses, des prises en charge adaptées…

Définition : le crowdsourcing, ou externalisation ouverte ou production participative, est l’utilisation de la créativité, de l’intelligence et du savoir-faire d’un grand nombre de personnes, en sous-traitance, pour réaliser certaines tâches traditionnellement effectuées par un employé ou un entrepreneur.

Si le concept est évident, quel est son apport réel à la pratique médicale et à la prise en charge des patients ? Tout d’abord, et selon deux récents sondages menés par Sermo, 75 % des médecins américains indiquent que 20 % de leurs patients sont dans une zone grise, floue… et 99 % d’un groupe de médecins issus du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne, d’Italie et d’Espagne pensent que 20 % également de leurs cas manquent de clarté. Dans les deux cas, les médecins estiment que ces 20 % de patients pourraient bénéficier de l’apport de conseils de la part de confrères.

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Partage d’un cas sur Sermo

De plus, et comme l’a rapporté un récent article de The Science Time, le crowdsourcing médical peut être un réel accélérateur de prise en charge et permettre un traitement adapté au plus vite. De fait, un médecin américain confronté à un diagnostic difficile et nécessitant des analyses biologiques a, en parallèle de ces dernières, partagé le cas sur Sermo. En 30 minutes, une première réponse est arrivée et en 2 jours, ce sont 231 médecins américains et britanniques qui ont confronté leurs opinions autour de 16 diagnostics possibles. Sur la base de ceux-ci et des avis des experts publiés sur le réseau, le médecin a orienté très rapidement son patient vers une prise en charge adaptée sans attendre les résultats du laboratoire améliorant ainsi ses chances de guérison.

Alors, demain le diagnostic sera-t-il encore l’apanage d’un seul et unique professionnel de santé ? Certainement dans les cas les plus classiques et évident. Mais pour cette zone grise que l’ensemble des médecins admet, il semble que les réseaux sociaux médicaux et le crowdsourcing se posent en concurrent direct du Dr Watson. Les prochaines années du diagnostic médical seront-elles celles de la bataille de l’intelligence artificielle contre l’intelligence collective ? Ou verrons-nous naître un nouveau concept mêlant ces deux dimensions ?

Source : communiqués de presse Sermo, The Science Times.

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A propos de l'auteur

Co-fondateur et directeur de LauMa communication, la e-santé m'interpelle depuis quelques années. J'essaie d'y contribuer en favorisant la diffusion de l'information et en m'impliquant dans des associations telle que Le Lab e-Santé (Isidore Internet et Santé), en tant que membre de la commission service du pôle de compétitivité Cap Digital ou en qualité de Délégué général de France eHealthTech, l'association regroupant les startups de la e-santé.



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